Le sociologue Vincent de Gaulejac en 1996 (Vincent de Gaulejac, Les Sources de la honte [1996], Paris, Points, 2011) rappelait l'importance des défaillances paternelles comme causes des dysfonctionnements des familles dont les enfants se sentent mal à l'école.
Depuis essentiellement le début de l’État-providence, le pater familias traditionnel a vu son pouvoir disparaître au profit de l’Etat qui s'occupe d'éducation. L'autorité paternelle se partage pour devenir parentale. La famille ne se construit plus à l'image de la Sainte-Famille, les références religieuses ayant disparues. La médecine s'en mêle en donnant aux femmes la possibilité de procréer sans homme. Après avoir gagné le droit de vote, la femme est devenue maîtresse de sa fécondité. Elle garde les enfants très majoritairement en cas de séparation du couple. Elle touchera l'équivalent d'un salaire parental de l’État si elle élève seule ses enfants.
L'homme doit faire sa place dans l'espace qui lui reste car les nouvelles pratiques sociales l'ont repoussé au second plan.
Cette dégradation de la position du père est une des causes de la violence au sein des familles. En effet le père en lutte pour conserver sa place ressentira fortement toute atteinte à sa situation entraînant un risque de versement dans l'autoritarisme. L'enfant intériorise alors l'autorité comme une contrainte néfaste à laquelle il faut s'opposer coûte que coûte dans une tentative de préservation de sa construction psychique. Même avec des notes correctes on le verra par exemple choisir une voie professionnelle, plus courte, plus tôt rémunératrice, pour échapper à l'emprise paternelle.
Ces élèves bien souvent ne trouvent pas le sens de leur présence à l'école puisqu' elle se trouve complice dans les esprits et malgré elle de la domination vécue dans la famille.
C'est là que les services d'Aide à l’Éducation Parentale devraient trouver toute leur justification pour apprendre aux pères à mieux trouver leur place et aux mères à mieux comprendre les problématiques paternelles. Encore faut-il, pour que la relation entre les familles et les services sociaux puisse se faire que les familles aient gardé une certaine confiance dans l'institution, habituelle des promesses non tenues.
Toucher des aides, rencontrer les enseignants à l'école, rencontrer l'assistante sociale, se rapprocher des services de l'Etat-Providence est une chose, placer une intimité familiale dégradée sous le regard d'un tiers en est une autre.
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