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Astrid Lacroix

Astrid Lacroix

Blog de réflexions sur les problèmes de société


Quand l'autorité te cloue le bec

Publié par Antoine Lacroix sur 10 Novembre 2013, 10:06am

Catégories : #Eglise, #pédophilie, #Inceste, #honte

Il y a quelques années de cela , un jeune se rend dans une abbaye à l'invitation d'un moine, ami de la famille et suite à une série de stratagèmes, le moine en vient à lui écarter l'élastique du slip et tente un attouchement. Le jeune lui donne une tape sur la main. Le moine se retourne vers le sol, suant, pétrifié dans sa malice. Le jeune ne se souvient plus de la suite, la préparation de ses bagages, son départ de l'abbaye, son retour chez lui. Il fait comprendre à sa mère sans expliquer. Comment dire sans pouvoir parler. Il est à côté de la cuisinière à gaz dans la cuisine, elle remue une sauce dans une casserole, une béchamelle peut-être. Leur regards ne se croisent pas, trop peur d'y voir cette main s'approcher du slip. La honte les enveloppe.

Quelques semaines plus tard, il est dans le bureau du supérieur de l'abbaye, il l'entend  15-20 mn puis le fait sortir en douce. Le jeune lui a écrit et le père supérieur lui a demandé de venir. Il repart satisfait de son attitude, de son attention. Il pense qu'il a été cru.

Encore un peu plus tard il est dans le bureau d'un directeur de centre aéré , il lui raconte, parce ce moine s'y rend souvent. Ce jeune y est aussi bénévole. Pour ce directeur de centre aéré, de vieille noblesse, charismatique, adulé, chrétien pratiquant, il est un menteur. Il se revoit fermer la porte de son bureau. Il ne le verra plus.

 Ce moine évolue dans ces deux endroits, un lieu de culte et un centre aéré. Est-ce dire que ce lieu de culte préparait ce moine à aller dans ce centre aéré ou le directeur ne pouvait rien voir. Dans une telle tentative il y a contrainte à trois titres. Par la différence d'age ce jeune a 15 ou 16 ans, le moine en a 50 ou 55 ; par l'autorité qu'il exerce sur lui ; par le lieu dans lequel cela se tient : une abbaye majestueuse immense, ancestrale, fondée il y a plus de 1600 ans. Comment un moine peut il se livrer à de tels actes, une mise en scène ; des vêtements étendus par terre qu'il  doit essayer ;  sans que la communauté ne soit au courant ou ait des doutes et prenne les précautions adaptées. En fait  pour les moines, une hypothèse plausible serait  que de tels actes sont impensables. Que cela puisse se passer dans leurs murs. Cela en est sidérant,  et emporte la capacité de réflexion. C'est probablement l'état dans lequel il a du être pour ne pas se souvenir de ce qui s'est passé après. 

Par quelle mystère  l'eglise se tait-elle et retire t-elle des délinquants sexuels de la justice des hommes ? Pourquoi la justice belge ne s'est-elle pas occupée elle même des atteintes aux mineurs commises par des membres du clergé catholique ? Il faut une sacrée dose d'aveuglement pour penser qu'une organisation par laquelle le problème survient soit capable de se regarder en toute sérénité. Ou est le miroir, l'empêcheur de penser en rond ? Si l'Eglise s'est trompée c'est par incompétence : elle ne sait pas bien ce qu'est un pédophile et les dégats qu'il peut faire subir à des personnes vulnérables. L'Eglise n'aime pas beaucoup le concept d'insconscient, athée et déresponsabilisant. Par mauvaise organisation, elle est lente à la détente, elles est suiviste, dans une temporalité décalée par rapport à l'accélération du reste de la société à la recherche du gain, gros et immédiat (sinon c'est l'autre qui va en profiter). Elle a parfois un temps de retard sur ce qu'il convient de  penser sur la nature de l'homme à une époque et un lieu donnés.   Elle n'a pas suffisemment tiré les leçons du passé, rejetant d'un bloc des théories vraies par ailleurs, Par erreur de raisonnement : elle peine à condamner à la place de Dieu alors qu'elle professe que le Christ lui ne va pas se gêner. Il est difficile d'absoudre un pédophile parce qu'il ne pourra que très rarement renoncer à son vice. L'Evangile les jette à la mer. Elle réfléchit dans l'universel et pour l'éternité. Elle n'a pas compris qu'elle devait aménager l'universalisme sans tomber dans le relativismeElle dit la vérité pour tous et en tous lieux, à la louche. Elle sait trop ce qui est bon pour l'autre à sa place. Dieu peut être instrumentalisé par des hommes dont la sincérité de l'engagement et la vertu ne sont pas apriori remis en question, mais comment pourrait-il en être autrement . Elle emprisonne (-ait) des personnes parfois inaptes à la vie monacale sans formation autre, des moines ou prêtres qui s'engagent à vie. Il y a bien des choses raisonnables dans ce qu'elle dit car elle porte une part de la sagesse humaine. Elle introduit la tiercéité dans le raisonnement à la différence des protestants par exemple pour lesquels la relation à Dieu se passe d'intermédiaire.  Elle est contre ce que l'on peut appeler la goinfrerie, qui peut prendre la forme de la maximisation du profit. une avidité belliphile. Mais la voix de l'Eglise est de moins en moins entendue car elle n'arrive pas à convaincre de la justesse de sa pensée. Des forces maléfiques la font taire pour certains, alors qu'une partie des raisons de son extinction en Europe de l'Ouest vient d'elle même à mesure que l'esprit s'éveille dans l'histoire.

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Elle s'appelle Chloé. Elle était en cours avec nous. C'était ses derniers efforts avant la validation du diplôme. Elle était au tableau devant nous à se tortiller , sans plus trop savoir quoi dire. Elle avait rempli sa feuille puis l'avait collée au tableau et fait part de ses expériences, passées, présentes et celles qu'elle s'envigeait. A un moment, quand même, elle nous parle d'une envie de maternité. Elle est mal à l'aise. Son tableau montre qu'elle bloque à se projeter. Quelque chose lui pèse. Après le cours je vais la voir. Elle n'a pas pu dire devant tout la salle que quelqu'un de sa famille s'est "occupé" d'elle d'un peu trop près  mais elle m' a permis de le comprendre. "C'est mon beau-père" dit elle. Je lui conseille d'aller vider son sac chez un psy. Le cours suivant, elle prend la parole. Elle a eu une discussion avec sa mère nous dit-elle, une discussion importante. Je ne peux m'empêcher de penser à notre échange sans être sûr de rien. De son  envie de tout faire comprendre sans pour voir s'exprimer.

6 mois plus tard, on se voit en cours, elle me parle de ses problèmes. Elle est enceinte mais ne s'en est aperçu qu'au bout de quatre  mois. Un déni de grossesse, disent les psy.

Vous continuez à avoir vos règles, votre ventre ne grossit pas mais vous êtes enceinte. Elle aurait voulu avorter mais c'est trop tard. 

 

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