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Astrid Lacroix

Astrid Lacroix

Blog de réflexions sur les problèmes de société


Des élections dans un monde illisible.

Publié par A. Lacroix sur 23 Décembre 2015, 11:52am

Catégories : #Politique

Des élections dans un monde illisible.

Dans son introduction à Démocratie et totalitarisme, Raymond Aron rappellait  le goût de la France pour les "coups d'états légaux". Elle venait d'en vivre un lorsque le Président Coty avait appelé le Général de Gaulle à rediriger une France en prise avec la crise algérienne et mettre fin au court régime de la IVe République. Pourtant, rappelle-t-il, cette dernière n'avait pas démérité en installant la France sur les rails de la modernité.

Notre République est maintenant vieille de cinquante sept ans et on aurait pu espérer plus de respect de la part des hommes et des femmes politiques à l'égard de leurs concitoyens mais la gauche de Hollande a décidé de biaiser les résultats des élections en croyant encore que les voix des électeurs sont sa propriété. 

Comment croire que la gauche au pouvoir en appelant à voter à droite ne sombrera pas encore un peu plus à cause de cette aberration politique. Comment croire que les électeurs en votant à droite ne se droitiserons pas car on devient ce que l'on fait.

Agir c'est être, enseignait Aristote. L'existence précède l'essence reprendra Sartre derrière la philosophie allemande. Une des références philosophiques de la gauche, celle de l'engagement, est coupée à la racine par cet appel à voter à droite. Pour les militants de gauche, s'engager en politique n'a plus de sens parce que les règles du jeu n'existent plus. Valls et Hollande semblent mieux savoir  que les électeurs pour qui voter. Pour eux,   la montée du FN est un coup d'état légal comme le vote des allemands qui permit à Hitler d'accéder au pouvoir le 30 janvier 1933, comme le vote des algériens en 1990 favorable aux  islamistes qui, écartés du pouvoir par la violence d'Etat, prirent la voie de la radicalisation, le maquis et les armes. 

La voie de la radicalité est dangereuse parce qu'elle se développe sur des émotions, des sentiments et évacue le débat de l'espace public. La radicalité fait de nous des ignorants.  Elle est une forme d'obscurantisme, symptôme et prélude aux temps troublés. Et l'ignorance fait  de nous des minoritaires sous tutelle, voués à disparaitre.

L'appel à voter à droite par la gauche accuse l'Europe comme première cause de nos malheurs.  La France est-elle prête à renoncer au rêve européen en portant les souverainistes au pouvoir ? La réponse n'est pas claire. Elle veut bien rester dans l'Euro, mais pas dans l'Europe. Notre monde en mutation rapide reste bien illisible.

L'attrait pour la radicalité que représentent les succès du FN serait alors la conséquence de la fragilité et la complexité d'un monde dont les mutations  se sont accélérées grâce à l'élargissement du périmètre des échanges.  Tout le monde sait tout, tout de suite et peut se  déplacer facilement, d'autant plus aisément dans une Europe aux frontières élargies et ouvertes. La technologie a créé et accéléré le mouvement de transformation du monde faisant de l'information une source de non-savoir. La profusion des moyens de communication créerait alors ce paradoxe de nous rendre ignorants sur notre rapport au monde, et sur ce que nous sommes devenus.

Cette question de la profusion de communication pose la question du langage et d'une de ses fonctions traditionnelles qui est de permettre une communication porteuse de sens, au service de l'humain.  Dans cette forme de communication asynchrone, distante et dématérialisée, notre langage devient moins essentiel, il rapproche superficiellement  le distal et éloigne douloureusement le proximal happé par l'extérieur.  L'homme se perdant entre autres dans son langage, élément essentiel de son identité, il est à la recherche de lui même et des situations dans lesquelles il pourra se sentir en vérité. 

Les transferts de population incontrôlés  invalident les valeurs morales de générosité et d'entraide rappelant qu'une valeur n'est pas morale en soi mais qu'elle est morale seulement si ses modalités de mise en oeuvre sont acceptables. Le responsable politique doit avoir le nez dans les odeurs émanant de la zone de Calais pour exercer son mandat en responsabilité. Il doit se déplacer et vivre la même situation que les riverains. L'élu dans un éthique politique valable doit partager les mêmes tourments que son administré pour qu'il puisse comprendre et ressentir ce qu'il vit.

Et par conséquence, il doit réfléchir à la manière dont la réalité vient à lui. Encore une question de support de l'échange, d'expression, de communication, de langage...

Références : Habermas, l'Agir communicationnel

Malek Bennabi, "Vocation de l'Islam"

 

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