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Astrid Lacroix

Astrid Lacroix

Blog de réflexions sur les problèmes de société


La purge des passions

Publié par A. Lacroix sur 2 Mai 2019, 08:00am

Catégories : #Société

La purge des passions ou la catharsis, inventée par Aristote dans La Poétique, reprise  dans le théâtre contemporain pour pousser les classes populaires à s'émanciper en commençant par vider leur bile et séparer le bon du mauvais.

Image par Aline Ponce de Pixabay

La catharsis, Gérald Darmanin y faisait aussi référence en décembre dernier  : le vote serait la catharsis des gilets jaunes. Par conséquence, leur action en politique serait comparable à un jeu théâtral.  Les acteurs entrent en scène puis prennent la porte, récitent un discours écrit par d'autres, des conseillers, le parti. Chacun joue un rôle et en change parfois comme dans les Bonnes la pièce la plus jouée de Jean Genet. Deux sœurs sont domestiques chez Monsieur et Madame. Dans une mise en abyme, Claire prend le rôle de Madame. Toutes deux projettent de tuer Madame après avoir envoyé Monsieur en prison. Finalement, la bonne boit la ciguë volontairement espérant faire la nique à Madame. Une domestique est la seule à passer l'arme à gauche assumant son destin tragique lié à sa condition.  

L'émancipation

La catharsis doit mener à l'émancipation.

L'individu libéré de ses humeurs, se trouve disposé à rechercher de nouvelles nourritures plus saines. Ce spectacle de la rue est une messe avant laquelle le fidèle doit jeûner pour recevoir l'eucharistie. Il s'affame et se nourrit. Parfois des étrangers se mêlent à l'assemblée,  bousculent les cierges, pissent sur l'autel, et rêvent d'égorger le prédicateur. S'ils continuent et refusent d'être gentil, on va les emmener se purger au purgatoire entre deux CRS.

Faire référence à la catharsis, c'est  nous chanter un petit air de l'ancien régime où les maitres, revêtus de leur noblesse naturelle, recevaient pour mission de guider les inférieurs. A l'âge classique, sous la dictée des tragédiens, l'acteur évolue sur une scène surplombant la salle, répandant la bonne parole, l'apologue.  On pourrait entendre cette musique à condition qu'elle annonce aux esclaves un avenir meilleur. Le despote n'étant pas obligatoirement tyrannique, le soumis pourrait s'en contenter du moment que la gamelle se remplit. Las, elle fait l'inverse, le gouvernant ayant laissé tout loisir à plus fort  que lui de puiser dans les caisses.

Pour que la catharsis fonctionne, il faudrait par exemple que le vote soit efficace, que les multinationales commencent à embaucher des personnes handicapées et que nos dirigeants prennent des risques. Les présidents de la République ont coutume de dire qu'ils sont les présidents de tous les français or si l'on en croit Aristote, un président de la République ne devrait pas être le président de tous les français, il devrait être le président des français qui souhaitent que les choses s'arrangent.

Aristote (-384-322)

Politique

Livre 1er : des sociétés et de leur gouvernement

Chapitre 1er : fin de la société civile et nature du pouvoir qui la gouverne.

Puisque tout État, comme nous le voyons, est une société, et que l'espoir d'un bien est le principe de toute association (car toutes les actions des hommes ont pour fin ce qu'ils regardent comme un bien) il est clair que toutes les sociétés ont pour but quelque avantage, et que celle qui est la principale et renferme en soi toutes les autres, se propose le plus grand avantage possible, c'est celle que l'on nomme État ou société civile.

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