Yaël Braun-Pivet : un marteau pour écraser une mouche

La Nupes monte en épingle l'intervention primaire et polémique de Grégoire de Fournas suite à l'intervention du député de la Nupes, Carlos Martens Bilongo qui s'émouvait de ce que le navire de SOS Méditerranée ne puisse pas accoster dans un port européen pour débarquer les migrants qu'il a recueillis à son bord.

J'aurais tendance à penser que l'intervention de De Fournas  est symptomatique d'un mépris pour les populations africaines essentialisées globalement par les élus et l'électorat RN. Pour eux,  ces populations seraient exclues de la modernité uniquement en raison de leur couleur de peau.

Ne soyons pas dupes : même dans les sphères politiques de gauche, on n'est pas à l'aise avec l'immigration mais c'est moins assumé parce que l'immigré est un instrument de conquête du pouvoir. On voit à gauche, depuis longtemps, qu'au nom de la défense du plus faible, on diabolise le bourgeois pour pouvoir verser dans le cynisme. La propension au cynisme conduit à la diabolisation de l'adversaire et non l'inverse.

De Fournas s'en est-il pris indirectement à Bilongo ?

Oui, car même s'il utilise le pronom "il" au singulier en parlant du bateau, il parle du contenant sans se soucier de la condition des migrants à son bord ramenés à une foule, une masse dont il faut se débarrasser. De Fournas est excédé par la masse des migrants incontrôlables qui rentrent sur notre territoire, c'est pour cela qu'il n'utilise pas le pronom "il " au pluriel, "ils", parce qu'il évite de ramener son propos aux individus pour lesquels on pourrait "risquer" d'éprouver de l'empathie. Les migrants sont des hommes et des femmes contextualisés sur cette mer, ramenés à cette condition de migrant et  sans visage, dans un premier temps, pour faire référence au vocabulaire lévinassien,  qui auront plus tard l'apparence du "sauvage" responsable de l'"ensauvagement" de la société.

De Fournas s'en est-il pris directement à Bilongo, dont les parents sont originaires d'Afrique centrale ? Non, en écoutant attentivement les débats retransmis à la télévision   on peut dire que non.

Pourtant la gauche de l'hémicycle se saisit immédiatement de l'intervention du député RN, la monte en mayonnaise en utilisant les médias et leur gout pour le bruit.

Dans le discours marxiste, à  la manipulation des masses par le pouvoir bourgeois correspond la contre manipulation des masses par les  représentants du peuple. On sait que cette stratégie a fait long feu parce que le phénomène de la massification de l'enseignement supérieur est apparu dès les années 1960 et que les ouvriers ont du savoir lire des plans et programmer des côtes sur les machines à programmation  numérique.

La stratégie gramscienne de  conquête du pouvoir par la conquête des idées utilisée par les marxistes et qui pouvait avoir sa légitimité lorsqu'il existait encore une classe ouvrière , s'est retournée contre la gauche à cause de  la rapacité des médias à se saisir de l'outrance et à l'amplifier dans l'espace public. Le putassier a remplacé l'honnêteté intellectuelle. Une déformation qui constitue une dérive démocratique dans laquelle  Yael Braun-Pivet, la présidente de l'assemblée nationale, est tombée en sanctionnant fortement le député RN.

Devant ce marigot, on comprend qu'à l'Elysée et si on en croit les bruits de couloir,  le président Macron ait envie de se servir des dispositions de l'article 12 de la constitution lui donnant la possibilité de dissoudre l'assemblée nationale.